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La mission de repérage au Sénégal

Présentation du village de Mbam

Mbam est une commune fondée en 2013, dans le département de Foundiougne, dans la région de Fatick. Le village de Mbam a été quant à lui fondé dans les années 1700. Il y a aujourd’hui 4440 habitants dans le village. Il y a un établissement préscolaire (la Case des tout petits), deux écoles élémentaires publiques, une école élémentaire privée, un CEM public (abritant également des classes de seconde), un CEM privé, et un poste de santé.

Le village se trouve à côté du Saloum, bras de mer qui permet aux habitants de vivre notamment de la pêche. Il se trouve à environ 3 kilomètres de la préfecture du département, Foundiougne, elle-même reliée au reste de la région grâce à un pont inauguré en décembre 2021. Les habitants sont majoritairement sérères et parlent à la fois sérère et wolof. Ceux qui sont allés à l’école parlent français également. Les musulmans et les chrétiens cohabitent respectueusement dans le village comme partout au Sénégal. Lors d’une cérémonie religieuse, les uns et les autres partagent leur repas avec ceux pratiquant d’autres religions.

Nous avons pu remarquer que le village était vraiment pauvre. La majorité des gens vivent au jour le jour. Ils ont suffisamment d’argent pour acheter à manger aujourd'hui mais ne savent pas de quoi demain sera fait. Il mange essentiellement des poissons “pauvres” et acheter du poulet est un luxe. Matar nous a très clairement dit qu’à Dakar les gens ne mangent pas ces poissons; ils les donnent aux chats.

Viste des écoles primaires de Mbam

L’école élémentaire est constituée, au Sénégal, de six classes, avec le CI avant le CP (et les autres classes comme dans le système français). A la fin du CM2, les élèves doivent passer l'examen du certificat pour pouvoir ensuite entrer au CEM.

Babacar Sarr est directeur de l’école de Mbam1 depuis quatre ans, elle accueille 359 élèves, 179 garçons et 180 filles, répartis en douze classes. Il y a douze enseignants, un prof de langue française et remplaçant et deux profs d’arabe. Les élèves ont cours du lundi au vendredi de 8h à 13h, et ont également deux après-midi de 16h à 18h, le mardi et le jeudi, pour une semaine donc de 29 heures. Ils habitent tous le village et peuvent donc rentrer manger chez eux les jours où ils ont cours l’après-midi. À l’époque, certains élèves venaient de loin, et ils pouvaient rester manger dans une cantine scolaire. Aujourd’hui, cette cantine n’existe plus ici car elle ne peut plus prendre en charge tous les élèves. S’il y a une cantine, elle est gérée par un des enseignants, et la cuisine est préparée grâce à l’Association des Mères d'Élèves (s’il y a plusieurs quartiers, chaque quartier prépare le repas à tour de rôle). Chaque jour, les élèves doivent réaliser trois évaluations (même s’ils n’ont parfois pas le temps de faire les trois). Ils ont des exercices à faire chez eux le soir, et la grande majorité les font. Si un élève ne fait pas son travail, le professeur peut interpeller ses parents et les inviter à vérifier les devoirs des enfants, sans pour autant les faire à leur place. Il y a des réunions avec les parents d’élèves tous les trimestres, et un Comité de Gestion se réunit chaque mois pour faire le point sur les activités qui ont été menées.

Le directeur aborde naturellement et directement les problèmes rencontrés dans l’école. Tout d’abord, les fournitures scolaires sont un problème pour certains enfants, qui ont des difficultés à se les procurer. Grâce au fond d’éducation de la commune, l’école peut fournir un cahier et un stylo à chaque élève. Les professeurs utilisent de plus en plus le numérique aujourd’hui, mais n’ont qu’une seule machine pour imprimer et photocopier, ce qui ne leur suffit pas. Ils ont besoin d’une meilleure imprimante et de beaucoup de ramettes de papiers. Au niveau des locaux, il y a une salle dans l’école qui date de 1960, et qui est prête à s’écrouler. La construction d’une ou deux salles supplémentaires permettrait de réhabiliter cette salle avant qu’elle ne s’écroule. Il existe aussi un "abri provisoire”, c’est-à-dire une salle qui n’est pas aux dimensions règlementaires (qui sont de 9x7 mètres). Les manuels scolaires (de maths, français et éducation à la science et à la vie sociale) sont fournis par l’Etat donc il n’y a pas de problème à ce niveau-là.

Il y a peu d’absentéisme dans l’école, et les mères doivent demander la permission avant l’absence de leur enfant (les motifs acceptables sont réglementés). Certains élèves n’arrivent pas à aller au niveau CM2 ou abandonnent, mais c’est un phénomène rare, car les parents du village sont généralement instruits et connaissent l’importance de l’éducation. De plus, l’école mène une politique de lutte contre la déperdition scolaire. Ainsi, si une maîtresse se rend compte qu’un élève a abandonné, le directeur va rencontrer sa famille.

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Ecole de Mbam 1
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Ecole de Mbam 2
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Visite du CEM de Mbam

Nous avons commencé par visiter le CEM de Mbam sous la supervision du directeur, Monsieur Edouard Cheikh FAYE professeur d’anglais et de français, il a étudié aux États-Unis et en Europe.

Le CEM (collège d’enseignement moyen, l'équivalent du collège en France) dispose également d’une classe de seconde ouverte cette année. Le collège est construit sur un terrain de 4 hectares, dispose d’un puits pour boire (l’eau n’y est pas salée), d’un deuxième puits potable mais où l’eau n’est pas propre et d’un jardin pour cultiver : des salades, de l’oseille, des tomates, du concombre du bissap. L’argent généré sert à l’entretien pour le maintien de l’école. Des sanitaires sont en construction, ce qui veut dire qu’actuellement les élèves doivent aller où ils peuvent. Il n’y a ni salle informatique, ni bibliothèque, ni endroit où travailler.

Le CEM compte 562 élèves avec une fourchette de 40 à 48 élèves par classe. Il sert de centre d’examen pour le BFEM (équivalent du brevet). Les frais d’inscriptions s’élèvent à 5000 CFA dont 1000 qui reviennent à l’association des parents d’élèves qui s’occupe de construire et d’entretenir les bâtiments de l’école. On constate une forte défaillance des fonctions régaliennes puisque c’est à l’état et au ministère de l’éducation de s’occuper de ça. Le directeur nous explique que pour lui, cette l’école est celle des parents avant d’être celle de l’état. Ce sont eux qui ont construit la majorité des bâtiments et qui les entretiennent. Cela montre les efforts que sont prêts à faire les parents pour la scolarité de leurs enfants.

Sur le plan pédagogique, de gros dysfonctionnements subsistent avec notamment un manque de manuels et de supports pédagogiques. Il existe de fortes disparités entre les établissements scolaires dans le pays: les salaires des profs sont différents, les budgets aussi; certains ont des livres, d’autres non. Cela a mené à une grève massive du corps professoral suivie d’une grève des étudiants. Le gouvernement a débloqué de l’argent, à voir. À Mbam, l’école est naissante, elle ne dispose donc pas d’un budget suffisant (il y a toujours plus de frais lorsqu’on lance une activité). Concernant les manuels, il faut des livres de l’état correspondants aux programmes scolaires sénégalais. Il faut faire ça avec des partenaires essentiellement financiers (puisque l'on ne peut pas récupérer des vieux livres français et leur donner). Aujourd’hui, si le collège dispose des livres en question, l'enseignant doit les emprunter uniquement quand il en a besoin et les élèves doivent partager un livre pour 3. Les élèves du CEM viennent essentiellement de Mbam mais aussi des communes alentours : Mbassis, Gague et Foundiougne (situées entre 2 et 5km à pieds). L’an prochain, l’administration attend 800 élèves. Il faudra ouvrir 3 classes de seconde supplémentaires et des classes de premières (pour ceux qui sont actuellement en seconde). La structure n’est pas du tout prête à un tel afflux d’élèves. Actuellement, le collège ne dispose pas des salles nécessaires. Si elles ne sont pas construites avant la rentrée 2023(ce qui sera sûrement le cas), ils vont devoir fabriquer des abris en bois et tiges de mil. Il faudra aussi trouver des bancs. Ces abris sont précaires et ne permettent pas aux enfants d’apprendre dans des bonnes conditions: ils ne protègent que partiellement de la pluie et ne protègent pas contre les vents de sable. Une solution complémentaire pourrait être d’augmenter les effectifs à 60 ou 75 élèves par classe. Actuellement, il n’y a plus de bibliothèque dans l’école; une salle de classe y a été aménagée en raison d’un incendie qui a ravagé un abri qui avait été construit. Comme on le voit ces abris posent aussi des questions sécuritaires. De toute façon, comme l’explique le principal, il n’y avait pas l’équipement nécessaire au bon fonctionnement de la bibliothèque. Si un élève a besoin d’un livre il est quand même possible d’en emprunter un en faisant une demande.